Mathieu Menegaux – Je me suis tue

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Je ne suis pas habituée à lire des bouquins composés de moins de 150 pages. Ce n’est pas une sélection volontaire, mais il faut bien avouer que ça ne court plus les rues de nos jours. Celui-ci en fait 137. Mes plus gros chamboulements et émotions livresques se sont faits avec de bon gros modèles. Je vous vois venir : non, Je me suis tue ne fait pas exception à cette stupide règle. Mais il mérite que j’en parle.

« Ce n’est pas l’amour qui rend aveugle. C’est la haine. »

L’histoire : Aux termes de sa missive, Claire nous raconte les faits, depuis sa cellule d’arrêt. La vérité, qu’elle seule connaît, qui la suit dans son mutisme.

Mon avis : Avant que ne commence le premier chapitre, l’auteur a introduit une citation de Jean Anouilh tiré de Antigone. Sur la distinction de la tragédie et du drame. Ce n’est qu’en refermant le livre, que j’ai pu saisir la portée de cet extrait. Tout m’est paru plus clair, Mathieu Menegaux ne pouvait être plus dans le vrai.

Comme je l’ai dit, ce n’est livre n’a pas été une claque pour moi, comme il a pu l’être pour de nombreux lecteurs (il suffit de jeter un oeil sur la pastille de la première de couverture). Et je peux tout à fait le comprendre, car ce livre ne peut vous laisser de marbre. Et Claire non plus. Je ne peux rien dévoiler, ce serait gâcher la lecture des prochains. Mais je ne regrette en aucun cas ma lecture qui m’a confirmé que c’est un auteur vers lequel je me tournerai de nouveau (en croisant les doigts pour que Un fils parfait soit un peu plus long?).

Ce livre vous laissera sur une note… je ne saurais même pas dire. De désarroi ? De tristesse ? Compassion ? Oh et puis, appelons un chat, un chat : de tragédie. Lisez-le. Il ne vous prendra même pas deux heures de votre vie, et il vous apportera en retour. Vous vous souviendrez combien le regard des gens (au propre comme au figuré) ne doit pas devenir une obsession.

Ce que j’ai aimé relever : Je préfère prévenir que je vais aborder des thèmes du roman, qui certes ne spoileront pas, mais qui pourraient peut-être influencer le sens de votre lecture. Donc pour ceux ne l’ayant pas encore lu, cette rubrique peut être sautée sans soucis !

Tout d’abord, un détail technique mais qui a toujours son importance pour moi : les chapitres sont très courts. Et ça, c’est génial, parce qu’on a davantage de marge de manoeuvre pour pouvoir arrêter notre lecture quand bon nous semble. Ca évite de désespérer en jetant un oeil au nombre impressionnant de pages avant la fin du chapitre, ce qui ne met jamais dans de bonnes dispositions de lecture (surtout quand vos yeux picotent et cherchent à se fermer tout seuls).

Les petits bouts de phrases en italique. Très vite j’ai compris qu’il s’agissait de citations de chansons, voire peut-être même de films ? Je me mettais au défi de les découvrir seule (une chanson sans l’air, c’est pas évident je vous le garantis). Et puis j’ai vu qu’à la fin, toutes ces chansons étaient listées en annexe. Mais rien ne vaut le sentiment de puissance ressenti en y remettant vous même un titre dessus.

La question de l’avortement. C’est un sujet très important, encore controversé aujourd’hui, mais pas pour moi. J’en ai une idée bien précise et qui m’est propre. Je ne suis pas là pour la partager, mais avec les remarques qui vont suivre, je ne doute pas qu’il sera aisé de deviner mes orientations. J’ai eu l’impression à un passage de ma lecture, que l’IVG était pointée du doigt en ce qu’elle était banalisée. Alors oui, c’est une technique à laquelle ont recours beaucoup trop de femme, mais il ne faut pas oublier que c’est un droit qu’elles ont. On ne peut pas tout simplement décrier la trop grande accessibilité à l’avortement. Le problème de base n’est certainement pas là ! Avant l’avortement, il y a la grossesse, et avant la grossesse, la contraception. Le soucis il est en grande partie là.

La criminalité n’est pas héréditaire. Pour le coup, cette conviction, je veux bien la crier sur les toits. Dieu merci, les psychopathes n’enfantent pas des psychopathes. Attention, je ne dis pas que c’est ce que l’auteur fait passer comme message, loin de là ! Il s’agit juste d’un élément que j’ai pu relever au travers des pensées de Claire, qui n’est qu’un personnage fictif.

Quelques citations :

◊ Nous perdions notre vie à la gagner.
◊ On dit que l’instinct de survie dicte nos comportements dans les situations d’urgence. Qu’on passe en pilote automatique. Des conneries oui.
◊ Les faits sont têtus. Moi aussi.
◊ Hier ma vie était une demie-vie, une vie de flamant rose, une vie sur une patte, à essayer tant bien que mal de conserver l’équilibre, mais une vie.
◊ Je l’avais tant aimé, cet homme si attaché à ses couilles.
◊ Je me suis mise toute seule dans cette situation, mais je n’aurais jamais imaginé que l’équation crime égale châtiment puisse être développée avec tant de sophistication et tant de lenteur.

•Ma note : 14/20•

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2 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Casscrouton dit :

    Je ne suis pas très adepte des romans courts. Comme toi c’est souvent avec les longs romans que l’on a de belles émotions et des souvenirs marquants. Celui-ci malgré tout a l’air assez intéressant, je note le titre au cas où si j’ai l’occasion de le lire ! 🙂

    Aimé par 1 personne

    1. Oui exactement. L’avantage, c’est que comme il est court, on ne prend pas le risque de « perdre son temps » même si on adhère pas 🙂

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