C’est mon prof de droit, spécialisé en Droit du travail qui m’a convaincue d’acheter ce bouquin. Il me faisait de l’oeil grâce à Bookstagram déjà, mais comme bien souvent, j’ai besoin d’une raison supplémentaire pour me jeter à l’eau (et heureusement, sinon j’achèterai 3 livres à la seconde !)
La quatrième de couverture : « J’écris de chez les moches, pour les moches, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf, aussi bien que pour les hommes qui n’ont pas envie d’être protecteurs, ceux qui voudraient l’être mais ne savent pas s’y prendre, ceux qui ne sont pas ambitieux, ni compétitifs, ni bien membrés. Parce que l’idéal de la femme blanche séduisante qu’on nous brandit tout le temps sous le nez, je crois bien qu’il n’existe pas. »
« Prétendre que les hommes et les femmes s’entendaient mieux avant les années 70 est une contrevérité historique. On se côtoyait moins, c’est tout »
Mon avis : Il s’agit du premier essai que je lis. Et je peux vous assurer que ce ne sera pas le dernier ! Comme nombreux lecteurs, j’aime lorsque les livres réussissent à me plonger dans une intrigue particulière, à me couper quelque peu du monde. Mais se pousser à la réflexion sur ce même monde, ça a du bon aussi.
King Kong théorie, c’est un essai sur la femme, au travers des âges, au travers des yeux de Virginie Despentes, et peut-être même des miens désormais. On peut ne pas être d’accord avec tout ce qui est dit, ce qui est mon cas en l’espèce, et tant mieux, ça n’en rend le contenu que bien plus riche, et la réflexion qui va avec.
Pour ma part, j’ai adoré le discours tenu dans les 3/4 du bouquin. Au début, j’avais l’impression de lire du bout des bras. Du genre, je lis mais je ne prends pas pour argent comptant ce qu’on m’y dit. Je m’attendais à des pages et des pages de lamentations sur le sort de la femme, qui ne peut s’élever socialement, professionnellement, économiquement, et j’en-passe-des-« ment », par la faute des hommes. Et bien non, rien de tout ça. Despentes a été assez maligne pour aller plus loin que ce simple constat, elle excuse en partie les hommes pour cela, qui sont tout autant des victimes de la société et la vision des genres qu’elle nous impose (n’oublions pas que cette idée de société-là, elle a été portée par la gente masculine à la base).
Après ce déclic, je peux vous assurer que c’était fièrement que je brandissais mon livre pour le lire dans les transports en commun. J’ai totalement rejoint l’auteur dans sa théorie sur le film King Kong et l’absurdité de la distinction des genres. Bien sûr qu’il existe d’un côté les filles et d’un autre les garçons (et encore que, dixit mon Sciences Humaine, les chromosomes X et Y n’ont rien de binaires, et pourraient faire de vous quelqu’un de plus féminin/masculin que celui ayant le même bagage génétique !). Cette obligation du binaire comme elle l’appelle, j’avoue, ça m’a parlé. Alors j’ai pris le parti de faire confiance à Virginie Despentes, et écouter ce qu’elle avait à me raconter…
Les thèmes ont alors été passionnants, la femme et le viol, la femme et la prostitution, la femme et l’industrie du porno. Puis sur les derniers chapitres, je n’ai plus vraiment su le thème général abordé. Et c’est à ce moment-là que je pense avoir un peu décroché. Les chapitres sont devenus confus, et je n’y voyais plus que de l’accusation pure et simple, saupoudrée de haine, à l’égard des hommes. Peut-être fallait-il seulement que ça sorte, que Despentes avait besoin de poser ça quelque part.
Et j’ai presque eu l’impression que pour le final, elle se reprend, avec une conclusion parfaite sur la question du féminisme. Ce mot qui, je dois l’avouer, m’effraie quelque peu. Je ne me suis jamais revendiquer féministe, quand bien même je suis convaincue que l’on ne donne toujours pas aujourd’hui, les armes à la femme pour être le véritable égal de l’homme. Mais bon, j’aime pas la maltraitance animale et c’est pas pour autant que vous me verrez déambuler aux côté de Greenpeace ! Toutefois, je veux bien qu’on me colle l’étiquette de féministe à la Despentes : foutons en l’air ce que peuvent/doivent être les femmes ET les hommes.
« Heureusement qu’étant punkette pratiquante, ma pureté de femme bien, je pouvais m’en passer »
Ce que j’ai aimé relever : Un truc tout bête qui est fait, mais qui vaut le coup de tester vraiment : prendre tout simplement les mots d’un homme, écrit par un homme, destinés à une femme. Mot d’amour, ou de rupture comme cela a été le choix de l’auteure. Et passer ces mots-là de sorte à ce que ce soit une femme qui les destine à un homme. Franchement, il y a de quoi rire, au sens propre du terme. Puis une demi-seconde après, ce rire qui est en réalité teinté d’un doux jaune pétard, tu le tais. Tu réfléchis, et tu comprends. Notre société nous a formaté pour que dans un sens, ces mots passent comme une lettre à la poste, et dans l’autre, ils nous fassent écarquiller les yeux. Je suis tombée dans le panneau, et comme une bleue ! L’excuse du « de tout temps » est vouée à encore s’appliquer, c’est regrettable, et il m’aura fallu croiser la route de Virginie Despentes pour m’en rendre compte.
En terminant cet essai, je suis encore plus étonnée de la douceur de Bye bye Blondie. Si j’avais lu King Kong théorie en premier, je n’aurai pas compris l’auteure et le chemin qu’elle a choisi pour cette histoire d’amour, presque trop belle.
Quelques citations :
◊ Dans la morale judéo-chrétienne, mieux vaut être prise de force que prise pour une chienne, on nous l’a assez répété.
◊ Je ne m’étais pas encore beaucoup confrontée au monde des adultes, encore moins des adultes normaux, ça va me surprendre pour un moment, comment ils sont nombreux à savoir distinguer ce qui se fait, de ce qui ne se fait pas, quand on est une fille dans la ville.
◊ Mais à force de les entendre se plaindre que les femmes ne baisent pas assez, n’aiment pas le sexe comme il le faudrait, ne comprennent jamais rien, on ne peut s’empêcher de se demander : qu’est-ce qu’ils attendent pour s’enculer ?
•Ma note : 8,5/10•
Du coup, je suis à la recherche d’essai à lire, alors on n’hésite surtout pas à balancer
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