Mon prof de Culture G nous a vivement conseillé de lire des auteurs classiques tels que Zola, Flaubert ou encore Balzac. Ne serait-ce que pour apprécier ce qu’était qu’une qualité de prose digne de ce nom ! Les deux premiers écrivains m’ont été tellement mal vendus durant mes années lycée, que j’ai préféré me tourner vers Balzac. J’avoue, j’ai choisi le plus petit opus à la médiathèque. Mais vous connaissez mieux le dicton que moi : ce n’est pas la taille qui compte.
La quatrième de couverture :
« Son regard avait une expression de stoïcisme qu’un magistrat n’aurait pas dû méconnaître ; mais, dès qu’un homme tombe entre les mains de la justice, il n’est plus qu’un être moral, une question de Droit ou de Fait, comme aux yeux des statisticiens il devient un chiffre »
Mon avis : Le début a été laborieux. A tel point que j’ai quand même dépasser mon délai d’emprunt de trois semaines, pour un récit de moins de 150 pages. Voilà voilà. Il faut que je précise : l’édition que j’avais entre les mains comportait de nombreux renvois en annexe, pour expliquer certains points. Ces renvois étaient tout à fait intéressant, mais on va pas se mentir, ça casse franchement le rythme de la lecture.
Heureusement, je m’y suis faite, et j’ai pu découvrir l’histoire du Colonel Chabert, situation qu’on m’a bien trop souvent présenté en Droit comme étant « un cas d’école ». Quelles conséquences tirées de la réapparition d’un individu que l’on déclarait pour mort depuis des années ? Passé le choc émotionnel de l’entourage, il est surtout question des effets de droit. La mort dissout le mariage. La prétendue veuve se remarie. Le premier mari réapparaît. La bigamie n’est pas au goût du jour en France, pas plus aujourd’hui qu’en 1820. De ce problème découlera l’ensemble des autres, tels que les question d’une succession qui a déjà été opérée.
La bonté de ce cher Colonel le paralysera dans cette société qui ne l’a pas attendu. Son vénérable Bonaparte est désormais enfermé à Ste Hélène. Chabert, ce nom qui brille d’héroïsme puisque mort à la bataille, dérange en cas de réapparition parmi les vivants. A le voir, les passants eussent facilement reconnus en lui l’un de ces beaux débris de notre ancienne armée, un de ces hommes héroïques sur lesquels se reflète notre gloire nationale, et qui la représentent comme un éclat de glace illuminé par le soleil semble en réfléchir tous les rayons. Ces vieux soldats sont tout ensemble des tableaux et des livres. Les tableaux et les livres ne parlent pas, et on ne le leur demande d’ailleurs surtout pas. La société ne veut plus de ceux qu’elle a déjà enterré.
J’ai beaucoup apprécié la réflexion porté sur les études, et les procédés du droit en général. Voir en la transaction, cette alternative au procès, un instrument des plus inéquitable, pour les forts et contre les faibles. Le récit est parsemé de droit, et j’avoue que ça n’était pas pour me déplaire.
« En apercevant le dédale de difficultés où il fallait d’argent pour y voyager, le pauvre soldat reçut un coup mortel dans cette puissance particulière de l’homme et que l’on nomme la volonté »
Pour conclure, je ne regrette pas cette première rencontre avec ce grand Honoré de Balzac. Le principe de sa Comédie humaine me fascine depuis longtemps. Quel beau projet n’est-ce pas ? Il serait encore meilleur si je m’atteler à en lire l’intégralité. Reste alors à trouver une vie parallèle sur mon agenda, pour caser tout ceci !
Quelques citations :
◊ Mais, il faut vous l’avouer, je suis un enfant d’hôpital, un soldat qui pour patrimoine avait son courage, pour famille tout le monde, pour patrie la France, pour tout protecteur le bon Dieu.
◊ Les avoués ne sont-ils pas en quelque sorte des hommes d’Etat chargés des affaires privées ?
◊ Certains hommes ont une âme assez forte pour de tels dévouements, dont la récompense se trouve pour eux dans la certitude d’avoir fait le bonheur d’une personne aimée.
◊ Le malheur est une espèce de talisman dont la vertu consiste à corroborer notre constitution primitive : il augmente la défiance et la méchanceté chez certains hommes, comme il accroît la bonté de ceux qui ont un cœur excellent.
◊ Savez-vous mon cher, reprit Derville après une pause, qu’il existe trois hommes, le Prêtre, le Médecin et l’Homme de justice, qui ne peuvent pas estimer le monde ? Ils ont des robes noires, peut-être parce qu’ils portent le deuil de toutes les vertus, de toutes les illusions.
•Ma note : 8/10•