Valérie Manteau – Le sillon

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En temps normal, les prix Goncourt, Fémina et cie, ça me passe clairement au-dessus de la tête (et le fait que je ne mesure qu’1m53 n’a aucun rapport). Ca ne fait pas partie de mes critères de sélection de bouquin. En revanche, ça a au moins le mérite de mettre en avant ledit bouquin sur les chaînes de radio. Et donc France Culture m’a convaincu à partir du moment où le chroniqueur a prononcé le nom de Erdogan.

 

La quatrième de couverture : Une jeune femme rejoint son amant à Istanbul. Alors que la ville se défait au rythme de ses contradictions et de la violence d’État, d’aucuns luttent encore pour leur liberté. Elle-même découvre, au fil de ses errances, l’histoire de Hrant Dink, journaliste arménien de Turquie assassiné pour avoir défendu un idéal de paix.

 

« Sur la petite place avant les restaurants il y a un bâtiment, on dirait une église »

 

 

Mon avis : Après avoir fermé la dernière page de mon roman, qu’on appelle auto-fiction, j’ai immédiatement attrapé mon portable et j’ai tapé les noms du livre et de l’auteur. Une vidéo de La Grande librairie m’était proposée. Je ne connaissais absolument pas Valérie Manteau, très élégante au passage, à la voix d’une extrême douceur. On est loin de la narratrice que je me suis imaginée.

Le style est très particulier. Les dialogues sont insérés directement dans le corps du texte narratif, sans précision sur qui parle à ce moment précis. On est constamment à mi-chemin entre les paroles des uns, et les pensée de la narratrice. Cet aspect de confusion est plutôt bien réussi. Il reflète parfaitement la vie de la narratrice, un espèce de paysage cotonneux : flou mais sans rien de véritablement angoissant. On y resterait bien lambiner des heures.

Pourtant, il n’y a peu de choses radieuses dans ce qu’elle décrit. Istanbul. La Magnifique. Cette ville me fascine depuis de nombreuses années. J’ai une envie indescriptible de m’y rendre un jour, c’est vraiment LE lieu qui me fait rêver sans que je ne m’explique pourquoi. Et puis de toute façon, c’est justement parce que je ne me l’explique pas, que je suis certaine que c’est une aspiration réelle et certainement pas un effet de mode. Le passé de cette ville m’impressionne. Le problème étant que je suis si impressionnée, que j’ai peur de m’y rendre. Peur d’être déçue, peur de ne pas être assez mûre pour tout apprécier à sa juste valeur. Mais j’irai un jour, je m’en suis fait la promesse.

Après ce passage de racontage total de vie, reprenons le cours de notre Sillon voulez-vous. J’ai adoré comprendre un tant soit peu mieux ce qu’il en est du gouvernement turc actuel. Bien sûr, dans le cadre de mes études, Erdogan est un nom qui revient souvent, et pas en tant que modèle en matière de libertés. Ce roman m’a confirmé certains points, et m’en a appris de nouveaux. La Turquie est un Etat si captivant, tiraillé entre sa propre identité, et une envie de se montrer sous un jour occidentalisé. Pour sûr, je continuerai de m’intéresser à elle de très près.

 

J’ai apprécié ma lecture, car j’avais soif d’en apprendre sur ce thème de la Turquie. Pour cette raison, je ne pense pas lire Calme et tranquille de l’auteur parut plus tôt. Je ne lis aucun livre, quelle qu’en soit la forme adoptée, qui relate les attentats en France. Chaque chose en son temps, je n’ai pas pour habitude de me forcer à faire quoi que ce soit.

 

Ce que j’ai aimé relever : Les arméniens survivants sont appelés « les restes de l’épée ».

 

Quelques citations :

◊ Je me demande ce qui fait que le suicide est un tabou si insurmontable, mais c’est une question dont je dois bien savoir la réponse puisque je n’ose pas insister.
◊ D’ailleurs, cette loi qui punit les gens qui n’aiment pas leur patrie comme on leur dit de l’aimer, ça m’étonnerait que vous n’en héritiez pas bientôt, au train où va la démocratie chez vous. 
◊ Est-ce qu’il faudrait que je sorte de la baignoire. Je décide de plonger la tête sous l’eau et de compter jusqu’à dix avant de l’appeler. Ca devrait suffire. Un, deux, dix. 
◊ On apprend l’attentat de Nice via les habituels messages demandant si ça va. Je regarde les photos du pont du Bosphore, dès le lendemain drapé aux couleurs de la France, toujours la même spectaculaire solidarité à sens unique.
◊ La plaidoirie d’Asli, quatorze pages manuscrites lues dans un silence religieux, circule dans la salle. Elle commence par ce vœu, « Je vais me défendre comme si le droit existait encore ».
◊ Qu’est-ce qu’un pays où l’on peut assassiner un homme en pleine rue et être congratulé par ceux qui étaient sensés le protéger ? Après ça pour moi, c’en était fini de la Turquie – de la Turquie et de l’humour, cette arme du pauvre. 

 


•Ma note : 7/10•

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