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Et un petit come-back avec un petit livre ! Il est tout minuscule je vous promets, trop mignon (c’est un avis purement objectif d’une nana d’1m53. Vous en faites ce que vous voulez). Soigneusement choisi dans le cadre du challenge du #varionsleséditions (enfin, choisi c’est vite dit, il n’y avait que celui-ci à ma médiathèque. Pas très sympa pour ladite maison d’édition, La Contre allée).
La quatrième de couverture
Au fil d’une déambulation composée de plusieurs tableaux, parfois fantasmagoriques mais toujours ancrés dans la réalité, Christos Chryssopoulos enquête et observe les symptômes d’un mal qui nous ronge. Il y pose le constat d’une société de surveillance, qui isole et oppose. Où l’incommunicabilité grandit au point que la colère s’impose (à nous) comme ultime possibilité de sortir de soi et fait de nous sa première victime. Nous sommes ainsi tour à tour confrontés aux idéologies racistes, à la violence au travail, aux relations entre hommes et femmes, à la cellule familiale, au milieu scolaire, à travers un
subtil jeu de dialogues qui rend compte des difficultés de communication entre ceux qui possèdent la parole et ceux qui ne l’ont pas.
« C’est le matin, tôt, et la rue est déserte. Cette heure-là a ses fidèles. »
Mon avis
C’était plutôt court. J’aime beaucoup le choix de construction : des dialogues qui plantent un décor, une action. Puis, un paragraphe qui clôt la nouvelle sur un petit commentaire de l’auteur/narrateur. Avec bien souvent un constat un peu pessimiste. Je regrette que l’auteur ne soit d’ailleurs pas aller plus loin dans ses conclusions.
Ce qui est assez flippant là-dedans, c’est que toutes les situations exposées n’ont rien d’inimaginables. Elles font froid dans le dos, mais la violence et la colère retranscrites apparaissent totalement réelles. C’est pour cette raison que même lorsqu’une dose de surnaturel s’insère dans le récit, on ne s’y attarde pas, car seuls les sentiments et émotions des personnages comptent. Leur réalité supplante tout le reste. En l’espèce, je pense à la scène de viol conjugal qui se produit entre un homme et une femme dont l’esprit a pris place dans le corps de l’autre. L’esprit de la femme dans le corps de son compagnon, le force au rapport sexuel, et l’homme, dans le corps de sa femme, affirme que cela lui est bien égal puisque ce n’est pas son propre corps qui sera abîmé. Mais ça se saurait si le viol était simplement une question d’atteinte physique… Je vous laisse découvrir par vous même la conclusion de cette nouvelle, et l’ensemble même des nouvelles du recueil.
Ce que j’ai aimé relever
Le petit cours d’étymologie (on rappelle que l’auteur est grec, donc ça ne s’invente pas) : colère se dit thumos en grec, et victime thuma. Etrange n’est-ce pas ? Pas pour notre auteur en tous cas, qui voit en la colère une méthode de victimisation radicale.
Quelques citations
◊ Le bruit du corps qui tombe à terre sans défense n’a rien à voir avec son poids. Les corps sont égaux dans la chute.
◊ Ainsi, à la moindre occasion, la colère se déploie. Rien ne peut l’apaiser. C’est une colère sans but précis. Pas une colère d’espoir. Ni une colère utile. C’est une colère aveugle, paroxystique et lâche. Ce n’est pas de l’indignation, mais du dégoût. Du désespoir. Une colère qui tue celui-là même qui est en colère.
◊ Au fur et à mesure que passent les années, la colère grandit. Elle se transmet, tel un héritage sacré, des parents aux enfants, et elle s’accroît d’une génération à l’autre.
◊ Il est descendu à la station suivante. Personne n’a pris sa défense. Et quand il s’est levé, ç’a été à qui occuperait sa place le premier.
Mon plaisir de lecture : 6,5/10