♦♦
Je ne peux m’empêcher de relater ENCORE une fois l’arrivée de ce livre dans ma PAL. En début de confinement, le Chéri est allé faire les courses, et dans sa générosité sans borne (aucune ironie ici, c’est vraiment quelqu’un de très généreux mon Guigui), il revient avec un bouquin pour moi. Primo, je me dis, le fou, il a pris un grand format (généreux je vous dis). Secundo, je me rend compte que je ne connais pas l’auteur. Tertio, je vois qu’il s’agit de la collection Noir de chez Calmann-Lévy. Alors je me risque à poser la question (après moult remerciements, je ne suis pas une ingrate non plus) : comment a t-il eu l’idée de choisir CE livre ? Sa réponse vaut tout l’or du monde, c’est bien pour ça que je me permets de vous la retranscrire encore et encore. « J’ai pas lu le résumé mais le monsieur devant moi l’a pris donc je lui ai fait confiance ».
La quatrième de couverture
Harry Bosch-Renée Ballard : le face-à-face tant attendu…
En revenant au commissariat d’Hollywood après une mission de son quart de nuit, l’inspectrice Renée Ballard tombe sur un inconnu en train de fouiller dans les meubles à dossiers. L’homme, elle l’apprend, est un certain Harry Bosch, un ancien des Homicides du LAPD qui a repris du service au commissariat de San Fernando, où il travaille sur une affaire qui le ronge depuis des années. D’abord sceptique, Ballard le chasse puis, intriguée, ouvre le dossier qu’il feuilletait… et décide de l’aider. La mort de Daisy Clayton, une fugueuse de quinze ans kidnappée, assassinée, puis jetée dans une benne à ordures, a, c’est vrai, de quoi susciter toute son empathie et sa colère. Retrouver l’individu qui a perpétré ce crime abominable devient vite la mission commune de deux inspecteurs aux caractères bien trempés et qui, peu commodes, ne s’en laissent pas conter par les ruses de l’un et de l’autre pour parvenir à leurs fins.
« Les officiers de la patrouille avaient laissé la porte d’entrée ouverte. Ils croyaient lui avoir rendu service en aérant, mais cela constituait une violation du protocole de conservation des éléments de preuves de la scène de crime. »
Mon avis
Je pense qu’il y a tout d’abord un contexte à poser. Le polar se retrouve de moins en moins dans mes lectures, tout simplement parce que c’est un genre qui m’a sûrement un peu lassée quelque part. Surtout quand il se veut uniquement focus sur l’enquête et la psychologie des personnages dénués de tout humour. Car peu importe le genre du bouquin, si quelque part, on a une touche d’humour réussit, ça fonctionnera toujours un minimum avec moi. Là, ça ne fût pas le cas. Un autre souci vient du fait qu’on est, d’après la 4è de couverture, sur un « face-à-face tant attendu », celui de l’inspectrice Ballard et le vieux Bosch. Ceci est le 23è roman mettant en scène Bosch, et le second de l’auteur avec Ballard. Comment vous dire que de mon côté, l’attachement aux perso était juste inexistant. Pire encore : ils m’ont pas mal exaspérée, surtout Bosch.
Bosch est le cliché américain que je n’apprécie guère. Pourtant, les anti-héros peuvent me passionner (cc Marianne dans Meurtres pour rédemption), mais lui il m’a juste arraché un bon million de soupirs bruyants. Un flic qui se prend pour un cowboy. Ha j’ai enragé. Exemples à l’appui : il suivait une femme qu’il croyait reconnaître, déboule dans une ruelle où se trouve deux autres gus toxico. Quand il se rend compte qu’il a fait erreur sur la personne, il va pour faire demi-tour. Sauf que les types pas bien contents qu’il ait été témoin de leur transaction, le menacent en sous-entendant qu’ils seraient armés. Là, réaction qui me semblait la plus appropriée était de continuer à rebrousser chemin en balançant de vieilles excuses. Ou alors, si vraiment il voulait pas mettre son égo de côté, leur dire qu’il était flic et qu’il pouvait les arrêter sans souci pour trafic de stup. Au lieu de quoi, le mec a juste sorti son flingue pour monter que « hé, c’est moi qui ais la plus grosse hein », sans même mentionner qu’il était flic ou quoi. Juste pour faire le bonhomme. Intérêt zéro pointé, on est d’accord ? Autre chose qui m’a dérangée, c’est son tempérament incompatible avec son boulot, à mes yeux. J’ai du mal à me dire qu’un flic puisse être à ce point dans l’idée de vengeance, et de vengeance même pas personnelle, non non. C’est pour la mère d’une victime qu’il fait ça, une femme qu’il connaissait même pas avant l’affaire. Alors, contourner les règles de procédure pour éviter une injustice oui, mais pour assouvir une vengeance qui peut se représenter à tout moment pour n’importe quelle affaire qu’il aurait à traiter, clairement ça passe pas. Fallait pas faire ce métier, fait juste tueur à gage, point.
La Ballard aussi m’a fait un petit coup pourri comme ça (bien moins grave hein) : elle avait pris un PV de stationnement. A nouveau, et à mon sens toujours, le comportement correct en l’occurrence me semblait être un petit moment d’exaspération en arrachant le papier du pare-brise et en pensant à faire sauter la contravention. Mais noooon, elle, elle a juste gueulé sur le parking de la faculté (donc au milieu d’étudiants et profs qui n’avaient rien demandé) « C’est une bagnole de flic bordel ! ». On est toujours au niveau 0 dans l’intérêt de la chose.
Donc ça, c’est fait. Passons maintenant à l’écriture. Que dire. J’y ai trouvé un côté simpliste, du genre de Père Castor raconte nous une histoire, comme le dirait si bien ma Lulu (@letempsperdupourtarose). Peut-être était-ce alors seulement un problème au niveau de la traduction. Si jamais c’est le cas, et que Mr Robert Pépin, traducteur, venait à passer par ici (probabilité nulle, mais qu’importe) : déjà bonjour, merci de m’avoir permise de lire ce livre, car je fais la maligne, mais en VO je serais morte avant de l’avoir terminé. Mais surtout : la loi ne STIPULE jamais. Une stipulation est un terme, une clause sur lequel au moins deux personnes se sont mises d’accord. Comme dans un contrat donc. Or la loi, elle édicte, elle impose, elle ne stipule rien du tout.
Enfin, pour ce qui est de l’enquête, elle m’a pas tant passionnée, faut dire que j’ai mis tellement de temps à lire le bouquin, que des noms qui sortaient sur la fin et qui étaient censés me renvoyer à des noms déjà croisés au début n(ont eu aucun impact sur moi. Gros loupé. D’autant plus qu’on a plein de petites enquêtes qui gravitent autour, et parfois sans aucun rapport avec l’affaire principale. Il ne m’en fallait pas plus pour me perdre.
Pour le point positif (car oui, je ne fais pas que matraquer non plus), y’a une idée de fond que l’auteur met de manière récurrente en lumière : les femmes. Par Ballard, il nous permet d’appréhender les femmes comme des victimes d’une certaine catégorie, précisant qu’elles sont cosncientes, au moment où elles se font agresser par exemple, des être de corpulence bien souvent plus faible que leur assaillant. Ballard elle-même incarne le s fâcheuses conséquences du sexisme au sein de la police, quand on apprend les raisons de son arrivée dans un nouveau département. Et puis, il y a cette note du traducteur qui vient également apporter sa pierre à l’édifice (et pour ça, merci Mr Robert Pépin) : il précise qui est Stormy Daniel comme suit : « Actrice de film porno qui aurait eu des relations sexuelles consenties avec Donald Trump ». Cette phrase en soi est carrément déprimante : le traducteur s’est senti obligé de préciser le caractère consenti de l’acte supposé. Mais de l’avoir fait, je trouve ça bien et important au final.
Bref, pour conclure, je n’étonnerai personne en affirmant que je suis ravie d’avoir enfin terminé cette lecture pour pouvoir passer à d’autres (notamment celle du #VarionsLesEditions de juin !). Le roman n’a rien de mauvais (qui suis-je pour pouvoir affirmer un truc pareil en même temps ?) mais je n’étais simplement pas le public visé.
« Puis il la sentit vibrer, puis vite et désespérément il tendit les bras, l’attira contre lui et l’enlaça, son propre corps suscitant enfin l’instant qui, peurs et tristesses, chasse tous les autres pour ne plus être que joie pure. Espoir. Parfois même amour. »
Ce que j’ai aimé relever
(Ca part sur un petit lexique que l’on doit, là encore, à ce très cher Mr Robert Pépin. 4ever.)
- Adam Henry = Connard en argot de flic. Pour désigner certains personnages dans les fiches d’interpellation. C’est original j’imagine.
- East Bumfuck = Baise mon cul, Est = Trou du cul les balayettes (n.d.t ; moi je connais plutôt Trou du cul du monde)
- Arme à jeter = arme non enregistrée qu’un policier peut « laisser tomber » sur une scène de crime pour incriminer quelqu’un. De mieux en mieux…
•Plaisir de lecture : 4,5/10•