Anne-Laure Bondoux – Les Larmes de l’assassin

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Parfois je me demande, que deviennent toutes les premières éditions d’un bouquin ? Toutes celles qui ont été écoulées, et que l’on ne retrouve pas pour autant sur des sites de livres d’occasion ? La version chouette, c’est de se dire qu’il existe autant de bibliothèques que de ces livres. Et puis la réalité que je devine tout autre, m’a empêchée de mettre la main sur l’édition de mon souvenir, toute de rouge et blanc. Cette version automnale n’en est pas moins belle, mais ça n’est pas celle de mon souvenir, alors c’est totalement différent.

 

La quatrième de couverture

L’homme et la femme Poloverdo avaient un enfant qui poussait comme le reste sur cette terre, c’est-à-dire pas très bien. Il passait ses journées à courir après les serpents. Il avait de la terre sous les ongles, les oreilles décollées à force d’être rabattues par les rafales de vent, et s’appelait Paolo. Paolo Poloverdo.
C’est lui qui vit venir l’homme, là-bas, sur le chemin, par un jour chaud de janvier. Cette fois-là, ce n’était ni un géologue, ni un marchand de voyages, et encore moins un poète. C’était Angel Allegria. Un truand, un escroc, un assassin.

 

« Ici, personne n’arrivait jamais par hasard. Car ici, c’était le bout du monde, ce sud extrême du Chili qui fait de la dentelle dans les eaux froides du Pacifique. »

 

Mon avis

Ce livre, vous l’aurez compris en intro, est une relecture à N+17. 17 ans plus tard, j’ai toujours en mémoire ce petit bouquin, emprunté par ma grande soeur à la bibliothèque municipale. Je devais sûrement avoir moi aussi un petit quelque chose à lire à ce moment-là, mais rien que n’a su me marquer comme Les Larmes de l’assassin. La première lecture qui fonde votre vie de lectrice, c’est pas rien hein ? La véritable question est : est-ce une bonne idée de le relire et de prendre ainsi le risque de perdre le bon souvenir laissé ? Ca se défend. Sauf que ce roman m’obsédait un peu trop (je l’ai traqué sur tous les Gibert Joseph de France. Toulouse a à moitié eu gain de cause. A moitié car je vous rappelle que ça n’est pas la bonne édition, mais peu importe). 

« Il se demanda si c’était une bonne chose d’être revenu et s’il n’aurait pas mieux fait de conserver seulement le rêve, le souvenir d’ici. »

Passons immédiatement au verdict : ai-je fait le bon choix ? Oui, je crois. Même si cette fois, je n’ai pas eu le coeur déchiré comme à mes 9 ans. Même si cette fois je n’ai pas lu clandestinement à la lumière de ma lampe de chevet, à l’heure où mes parents étaient persuadés que je dormais profondément. Et enfin, même si cette fois, je garderai une trace indélébile de ma lecture ici-même, et que mes souvenirs seront définitivement figés. 

Venons-en au livre en lui-même. Déjà, sachez que c’est inscrit 12+ sur la couverture, on notera mon petit côté rebelle, à 9 ans à peine. Honnêtement, je pense que cette indication est justifiée, on parle quand même d’un assassin qu’on suit à l’oeuvre. Pour autant, je suis ravie de l’avoir lue quand j’étais encore plus gamine que la recommandation ne le prescrivait. Et ce ne sont même pas les scènes de meurtre qui m’ont dérangée (à moins que ce ne soit juste moi qui étais dérangée à l’époque ? Ca mérite réflexion, mais on n’a pas le temps de se prendre pour Freud là). Mon souvenir n’était pas du tout axé sur Angel-qui-tue, mais sur Angel-qui-cherche-la-rédemption. Si ce n’est pas là que mon amour pour les personnages sombres est né… (et mon côté dérangée aussi par conséquent ?)

Aujourd’hui j’ai 25 ans (bon, dans deux jours, mais pour une fois que j’accepte de me vieillir, ne soyons pas tatillons s’il vous plaît). Et je n’ai pas du tout appréhendé ma lecture comme j’ai l’habitude de le faire pour toutes celles répertoriées dans ce blog. Je n’y ai déposé aucun post-it, j’ai à peine deux pauvres photos de citation dans mon téléphone, et 3 lignes de commentaires dans mes notes. Ce n’est pas faute de ne pas avoir été inspirée ou émerveillée par certains passages. Je n’ai juste pas voulu opérer d’analyse de ce roman. Et ça c’est fait de manière tout à fait inconsciente. Ce livre-là, c’était comme mon petit trésor, un petit secret entre moi et moi. Bien sûr que je compte vous le partager (c’est ce que je fais depuis déjà plusieurs paragraphes après tout.. je suis sacrément bavarde by the way, comme toujours !). Mais attention, ça sera encore plus brouillon et incomplet que ce que j’ai pour habitude de vous offrir sur ce blog, c’est vous dire. 

Le ton du roman donne l’impression que tout va très vite : la relation entre Angel et Paolo (tiens, voilà encore un de mes thèmes particulièrement affectionné en littérature : les relations inter-générationnelles), mais également les tourments d’Angel qui semblent peu approfondis. C’est le cas, mais rappelons qu’il s’agit d’un jeunesse, et que l’essentiel est ailleurs : c’est le message plus que les détails qui comptent. Comme le précise la quatrième de couverture de cette fâcheuse édition (je plaisante Bayard, votre réédition est très bien comme elle est, promis, je fais juste dans la nostalgie) : c’est « un roman magnifique sur l’innocence et le mal« . Celui qui fait le mal, peut-il changer au contact de l’innocence ? Une rencontre peut-elle suffire à devenir meilleur malgré un passé si sombre ? Forcément, moi là, je vous réponds oui, éternelle optimiste que je suis. Est-ce que ça a été le cas pour Angel ? Je vous laisse le découvrir par vous-même en lisant ce bouquin. J’aimerai pouvoir faire en sorte que vous lisiez ce livre avec le regard de la petite Chloé de 9 ans, pour ressentir ce que j’avais pu ressentir alors. Mais je suis prête à parier qu’Angel et Paolo vous toucheront forcément. 

 


•Mon plaisir de lecture : le plaisir était là, c’est tout ce qu’il y a à savoir•

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