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Bonjour. Sachez que c’est très gênant, même pour moi, de revenir avec un article comme si de rien n’était, après quelques 4 mois d’absence… Cependant, je suis bien là, et avec aucune excuse sur cette désertion sans précédent. Mais le passé c’est le passé, parlons bouquins parce qu’on est, aux dernières nouvelles, toujours sur un blog qui se veut porté sur la lecture.
La quatrième de couverture
Dans cet ouvrage à la fois personnel et politique, J.D. Vance raconte son enfance chaotique dans les Appalaches, cette immense région des États-Unis qui a vu l’industrie du charbon et de la métallurgie péricliter. Il décrit avec humanité et bienveillance la rude vie de ces « petits Blancs » du Midwest, ces « péquenots », que l’on dit xénophobes et qui ont voté pour Donald Trump.
Roman autobiographique, Hillbilly Élégie nous fait entendre la voix d’une classe désillusionnée et pose des questions essentielles. Comment peut-on ne pas manger à sa faim dans le pays le plus riche du monde ? Comment l’Amérique démocrate, ouvrière et digne est-elle devenue républicaine, pauvre et pleine de rancune ?
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« Je m’appelle J.D. Vance, et sans doute devrais-je commencer par vous faire un aveu : j’ai le sentiment que l’existence même du livre que vous avez entre les mains a quelque chose d’absurde. »
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Mon avis
Laissez moi tout d’abord retrouver mon classeur de méthodologie sur la rédaction d’un article de blog… C’est faux. Un tel classeur n’existe pas, en tous cas, pas chez moi, et j’ai jamais eu d’autre méthodologie que celle qui prône le « vas-y, écris, on verra bien ».
Pour vous donner un minimum de contexte, faut savoir que ce livre est le 4ème entamé pendant cette pause de 4 mois. Une tentative par mois, et celle-ci fût visiblement la bonne. Non pas que le livre ait été le miracle que j’attendais, simplement, il s’agit d’un bouquin acheté de façon précipitée pour patienter avant un RDV pour lequel j’avais une sacrée avance. L’idée d’avoir déboursé cette argent, alors que ma PAL n’est pas à plaindre, et pour un livre que je ne connaissais absolument pas, c’est ce qui m’a poussée à le lire jusqu’au bout.
Le livre n’est pas THE bouquin qui m’a fait voir la lumière donc. Il n’a rien de mauvais non plus, jugement que je me garderai de donner en tout état de cause, puisqu’il s’agit d’une autobiographie. D’un type que je ne connaissais même pas. C’est la banderole rouge « PORTRAIT D’UNE AMERIQUE DELAISSEE, CELLE QUI A VOTE TRUMP. » qui m’a convaincue. Pour rappel, dans mon dernier article (qui date de 4 mois donc, c’est long, mais à la fois pas tant), j’avais atteint un point de non-retour avec les petites phrases de ce genre sur les 4e de couverture mensongères. C’est mon côté pas rancunière pour un sou qui m’a fait replonger dans ces conneries. Alors, on est pas totalement dans du mensonger, loin de là. C’est juste que j’ai été un peu déçue qu’on ne nous ait pas présenté davantage de rapprochement entre la ceux désignés comme Hillbillies et le vote de Trump. En fait, on nous parle pas du tout de Trump. Du passage d’un vote pro-démocrates à pro-républicains, oui, c’est pas trop mal expliquer d’ailleurs, mais à mes yeux, il existe le parti Républicain ET il existe Trump qui en est une figure assez unique quand même. Bon peu importe, ce n’était pas le seul volet politique qui m’a donné envie de lire cette autobiographie.
J.D. Vance est de ceux pour qui les statistiques n’auraient jamais misé sur une réussite professionnelle et personnelle. En expliquant son enfance chaotique, on comprend pourquoi il n’aurait pas dû réussir. Mais pour chaque évènement tragique rencontré, il nous rappelle qu’il avait de la chance d’avoir auprès de lui des grands-parents qui lui apportaient tant bien que mal tout ce qui lui manquait : de la stabilité, une loyauté sans faille, et une croyance en la méritocratie. Pourtant, eux-mêmes avaient leurs propres vices, à commencer par l’alcoolisme. Pourtant, l’auteur souligne ce qui différencie les pauvres d’avant avec les pauvres d’aujourd’hui : ces derniers ne croient plus en rien, et, de fait, ne prennent plus la peine de tenter une vie meilleure. L’optimisme n’est pas donné à tout le monde, et à lui seul, il ne permet pas de sauver un avenir. Mais sans lui, c’est sur que c’est l’échec assuré.
Ce qui peut réellement faire une différence, c’est l’environnement de vie de l’enfant. Sur ce point, je rejoins l’auteur : la famille est la première des sociétés dans laquelle on évolue. La stabilité y est primordiale. Et j’apprécie le fait qu’il souligne que par stabilité, il ne faut pas entendre une maman, un papa, une famille clichée de pub à la TV. Juste une figure toujours présente, non-toxique à défaut d’être véritablement aimante.
En bref : une chouette lecture, peut-être aurait-elle été meilleure si j’étais mieux renseignée sur l’histoire américaine, les Appalaches tout ça tout ça. Pas dit que ça me pousse en ce sens, en fait, c’est vraiment l’idée de comprendre une communauté de l’ère post-industrielle qui est désillusionnée, qui m’a attirée. C’est ce que j’ai réussi à trouver, et c’est déjà bien.
Ce que j’ai aimé relever
Je savais qu’aux Etats-Unis, le don de sang n’est absolument pas un don puisqu’on vous rémunère pour cela. D’un point de vue éthique, j’avoue que ça me gêne un chouïa, mais c’est pas le sujet. Le sujet c’est : quelle dosage de sang prélèvent-ils pour permettre aux individus d’aller le donner à raison de deux fois par semaine ? En France, vous êtes bon pour attendre au moins 8 semaines entre chaque don.
A l’université, l’auteur s’émerveille de la grande mixité de sa promo. Des gens venus d’horizon et de classes sociales variées. Je pense que ce genre de melting pot devrait être constamment promu, au moins durant les scolarités. Parce qu’on sait très bien qu’une fois ancré dans nos vies personnelles, on a tendance à s’entourer de gens qui nous ressemblent au plus. Alors, instaurer ça durant les études, c’est toujours ça de pris. Croiser des regards différents, c’est s’assurer une plus grande ouverture d’esprit. Je suis pas certaine que c’est bien en ce sens que vont les choses aujourd’hui. J’ai un exemple en tête, qui colle pas totalement à ce que j’essaie d’illustrer, mais tout de même : j’ai fait des études de droit. Dans mon Master 2, on était des étudiants aux parcours universitaires plutôt variés : si la plupart sortaient d’une filière de droit des affaires en faculté, d’autres comme moi avaient un parcours un peu moins linéaire : du droit public, du droit très généraliste dans le cadre d’une préparation au concours de la magistrature. Certains venaient même d’écoles et non de faculté. Et on sentait une différence entre chacun de nous, et cette différence était appréciable, chacun apportant un regard neuf sur une situation. Et je crois que c’est ce qui m’a permise d’apprendre deux fois plus de choses dans ce master. Parce que certains étaient également fils et filles d’agriculteurs (j’ai fait un master 2 en droit rural), ils ont pu me donner une idée d’enjeux pratiques que je n’avais pas. Tout ça a eu du bon, mais avec les réformes actuelles, où les étudiants en droit sont sélectionnés dès la première année de master, c’est quelque chose qu’on va perdre. Parce que cela revient à fermer la porte à tous ceux qui ont eu un parcours moins linéaire, moins comme tout le monde.
Quelques citations
L’addiction aux drogues est une maladie, et tout comme je ne jugerais jamais un cancéreux parce qu’il a une tumeur, je ne devrais pas juger une droguée en raison de sa dépendance.
J’aimais beaucoup Kevin, son mari, et c’est toujours le cas, pour une raison simple : il ne l’a jamais maltraitée. C’est tout ce que je demandais au compagnon de ma soeur.
Je suis frappé de voir que, dans une longue discussion sur les difficultés que rencontrent les enfants pauvres à l’école, on évoque exclusivement l’état des institutions. Comme un enseignant de mon ancien lycée me le disait récemment : « Ils veulent que nous soyons les bergers de ces enfants. Mais personne n’ose dire que beaucoup d’entre eux sont élevés par des loups. »