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J’ai cru naïvement que parce que j’avais enfin terminé une lecture le mois dernier, j’allais être capable de repartir sur des romans un peu noirs et longs. Alors, oui, j’avais effectivement terminé une lecture, mais soit dit en passant, c’était un roman jeunesse, et je ne l’ai même pas chroniqué sur le blog ! Un vrai travail de sagouin(e?)
« J’étais assis au fond de la cellule, sur la cuvette des toilettes dépourvue d’abattant, en train de faire reluire les hideuses chaussures à bout rond que le règlement accorde aux prisonniers sur le point d’être libérés. »
Mon avis
A titre liminaire, je me dois de vous préciser un détail qui a son importance : c’est un bouquin de médiathèque qui est à rendre le 19 octobre 2021. Autrement dit : aujourd’hui. Bingo, je l’ai fini le bon jour, mais vous ne serez pas surpris d’apprendre qu’à 20h, y’a peu de chance que quelqu’un m’accueille à bras ouverts à ma micro-médiathèque de village. Mais tout ceci pour vous dire que j’ai un peu carburé sur la fin de ma lecture (si on peut estimer que la page 180 d’un livre qui en contient 400 puisse être appréhendée comme le début de la fin d’un roman).
Toujours est-il que j’ai quand même un avis à donner, c’est bien là le but de la présente chronique. Pour le peu que je n’ai pas survolé, c’était pas trop mal. Non je plaisante bien sûr, j’ai vraiment lu le bouquin. C’était chouette, mais ça m’a pas plus happée que ça. Je suis pas certaine d’en garder un souvenir indélébile. Surtout quand on sait que je ne garde pas grandes réminiscences d’un ouvrage tel que De sang-froid alors même que je l’avais particulièrement apprécié (de ça, au moins, je m’en souviens).
En revanche, j’ai bien adhéré à l’écriture/traduction. Surtout quand j’ai appris après ma lecture, en lisant la préface, que c’était un peu autobiographique, et donc que l’auteur est un ancien détenu. Je n’ouvrirai pas ici le débat de « quand faut-il, bon sang de bonsoir, lire ces fichues préfaces ?! » (ici, pas de spoil dedans, donc j’aurai mieux fait de la lire comme son terme l’indique : avant).
Je vous laisse une trace de certains passages qui m’ont donc précisément plu, à défaut de vous pondre un avis plus fourni. La bise.
Quelques citations
◊ Laissez quelqu’un en prison suffisamment longtemps et il se retrouvera aussi mal armé face aux exigences de la liberté qu’un moine trappiste jeté au milieu du maelström de New York. Mais le moine aurait au moins pour lui sa foi qui le tiendrait, tandis que l’ancien prisonnier ne dispose que du souvenir de la prison, le souvenir d’échecs passés – et la conscience brûlante de se retrouver « ex-taulard » rejeté par la société.
◊ Pliez-vous un peu et je me plierai un peu aussi. Demandez simplement que je ne commette pas de crimes, et non que je vive en respectant votre code moral. Si c’est cela qu’exige la société, alors la société n’aurait pas dû me placer dans des familles d’adoption et des maisons de redressement pour me tordre l’esprit.
◊ _ Il vous faut vivre et vous ne pouvez pas travailler. Ce qui nous laisse le crime. Exact ?
◊ Jerry était sorti de son abattement. Il ressemblait plus à l’homme facile à vivre que je connaissais ; ce n’était pas là une atténuation de la perte ou de l’amour, c’était la faculté d’absorber les chocs de quelqu’un habitué à la perte.
◊ De voir ses frayeurs aussi manifestes éveilla en moi une certaine exultation car lorsqu’on est en quête d’identité, la capacité à instiller la peur chez autrui peut satisfaire les manques qu’on ressent.
◊ J’ai brûlé de haine pendant deux années – ensuite, je me suis retrouvé à court de combustible.
•Plaisir de lecture : 6,5/10•