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J’ai acheté ce livre durant mes derniers jours de vie étudiante à Toulouse. Ces bouquinistes de rue me faisaient beaucoup trop envie pour que je n’achète rien. Il y avait beaucoup de choix, mais rien qui ait fait tilt chez moi. Alors je me suis rabattue entre autre sur celui-ci parce que, primo, je connais l’auteur de nom, deuzio, le titre et la couverture me plaisaient et tertio, les pages étaient jaunies et j’adore ça. Ce n’est qu’un fois acheté, que j’ai pris le temps de lire la quatrième de couverture en marchant. Et j’ai alors pensé que j’avais eu du flair, en dehors de cette histoire de vieilles pages jaunes qui sentent bon le vieux livre.
La quatrième de couverture
« Que ceux qui aiment Bukowski se précipitent! Voilà du Bukowski du meilleur cru, dans une traduction parfaite, savoureuse et juste à point de Philippe Garnier, dont on ne vantera jamais assez les mérites! A vrai dire, ce n’est pas du Bukowski, mais du John Fante, le type qui a influencé et fait verser des larmes d’admiration à Bukowski. Des histoires de loyer qu’on ne peut pas payer, et de bistrots minables où le café est pire que de l’eau de vaisselle. C’est à Los Angeles. C’est triste, c’est génial, c’est plein d’amour et ça se lit d’une traite. Hautement recommandé ! » Rouge.
« Un soir je suis assis sur le lit dans ma chambre d’hôtel sur Bunker Hill, en plein cœur de Los Angeles. C’est un soir important dans ma vie car il faut que je prenne une décision pour l’hôtel. Ou bien je paie ce que je dois ou bien je débarrasse le plancher. C’est ce que dit la note, la note que la taulière a glissé sous ma porte. Gros problème, ça, qui mérite la plus haute attention. Je le résous en éteignant la lumière et en allant me coucher. »
Mon avis
Ce devait être plus décapant qu’un Bukowski. Soyez assurés que ça n’est pas la cas du tout. Je n’ai lu qu’un recueil de nouvelles de ce sacré Henry Charles B., y’a plus de 4 ans de ça, et le souvenir que j’en garde c’est que l’ami John Fante est un calme chrétien à côté. Et c’est pas un reproche que je lui fais, je souligne juste l’aspect un peu mensonger de la publicité faite en quatrième de couverture.
Je ne réfute pas certaines similitudes entre les deux auteurs, je suis quasi sûre qu’ils étaient un peu du même genre de personnalité. Seulement Arturo Bandini (le personnage de Demande à la poussière) est plus innocent que Henry Chinaski (le personnage de Bukowski). Plus innocent, mais un poil raciste envers les personnages aux origines mexicaines. A côté de ça, il semble pas grand adepte des beuveries, débecte la marijuana, et perd ses moyens des qu’une fille lui fait des avances. Pour peu, on lui donnerait le bon Dieu sans confession !
Son véritable souci, c’est qu’il se plait à se compliquer la vie. Ma parole, des fois, c’est plus chercher la bâton pour se faire battre, c’est carrément rapporter le tronc d’arbre ! J’avais du mal à le prendre au sérieux, et je pense que c’était le but. Il se donnait un genre, à désirer des femmes qui, une fois venues à lui, il repoussait immédiatement. C’est ainsi que ça a débuté pour Camilla Lopez aussi. Sauf que cette fois, la façade a laissé place à du vrai. J’ai alors vu des bribes d’un Arturo Bandini protecteur, toujours pas doux pour un sou, pourtant il a réussi à me toucher à force, ce anti-héros.
Franchement, c’était un bon moment de lecture, même si je l’ai pas mal trainé en durée. J’apprends un peu tardivement que c’est le troisième roman mettant en scène Arturo Bandini. Mais si le grand Bukowski a découvert Fante par Demande à la poussière, j’ai aucune honte à en avoir fait de même tiens !
Quelques citations
◊ Est-ce que les morts reviennent ? Les livres disent que non, la nuit hurle que si.
◊ Jai vomi à lire leurs journaux, j’ai lu leur littérature, observé leurs coutumes, mangé leur nourriture, désirés leurs femmes, visités leurs musées. Mais je suis pauvre et mon nom se termine par une voyelle, alors ils me haïssent, moi et mon père et le père de mon père, et ils n’aimeraient rien tant que de me faire la peau et m’humilier encore, mais à présent ils sont vieux, en train de crever au soleil au milieu de la rue, en pleine chaleur, en pleine poussière, tandis que moi je suis jeune, plein d’espoir et d’amour pour mon pays et mon époque ; alors quand je te traite de métèque ce n’est pas mon cœur qui parle mais cette vieille blessure qui m’élance encore, et j’ai honte de cette chose terrible que je t’ai faite, tu peux pas savoir.
◊ Les jours ont passé comme ça. Des jours de rêve, lumineux, même que parfois j’étais assailli d’une joie si immense et si tranquille que j’éteignais la lumière et me mettais à pleurer. Dans ces moments-là j’étais pris d’un curieux désir de mourir.
◊ « Qui c’est qui t’a cognée ? » j’ai demandé. Et tu as répondu : « Accident d’automobile. » Et moi j’ai répliqué en demandant si c’était Sammy qui conduisait l’autre voiture.
◊ Pour ça il en connaît un drôle de rayon comme écrivain. Cette histoire qu’il t’a écrite sur l’œil gauche c’est un vrai chef-d’œuvre.
•Plaisir de lecture : 7,5/10•