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Pour la petite anecdote, des gens de mon entourage m’ont fait remarquer combien le nom de l’autrice coordinatrice pouvait être un clin d’oeil à ma vie. Comme elle, je m’appelle Chloé, ce qui en soi, n’a rien d’exceptionnel, ça a été pendant longtemps le deuxième prénom le plus donné. C’est son nom de famille, qui fait penser à une contraction des nom et prénom de mon chéri : DELA_ _ _ Guillaume (je me sentais pas de mettre son nom sans le consulter au préalable. Ca doit vous paraitre vraiment une anecdote nulle, pardonnez-moi).
La quatrième de couverture
Longtemps laissé en sommeil, le concept de sororité a refait surface avec le mouvement #Metoo : être soeurs, c’est être, ensemble, plus fortes. Envisagée comme outil de pouvoir féminin, la sororité nous invite à repenser ce que signifie être une femme aujourd’hui, à questionner les rapports de domination et à imaginer le monde de demain. Sous forme de récits, fictions, textes réflexifs, poèmes et chansons, ce collectif, dirigé par la romancière Chloé Delaume, appelle à une solidarité qui ne nie pas les différences mais embrasse la diversité. Car c’est grâce à la sororité, véritable parole en acte, que la révolution féministe adviendra.
Mon avis
Pour débuter cette année 2022 qui n’était pas le feu sur le plan professionnel pour moi, je ne savais pas vraiment ce que je voulais. Je savais surtout ce que je ne voulais pas : un roman dramatique, bonjour la déprime, ni un roman feel-good, ça m’aurait donné l’impression que ma vie était vachement moins fun que dans les livres. Alors, j’avais trouvé mon dénominateur commun à ce que je ne voulais pas : un roman. Sans trop de mal, je me suis immédiatement tournée vers ce bouquin, qui avait en plus le mérite d’être un des lots que j’ai remporté durant les calendrier de l’Avent des maisons d’éditions. Ca fait toujours plaisir, forcément.
Sans vouloir m’envoyer (trop) de fleurs, j’ai eu une brillante idée. Lire ce que ces femmes avaient à dire, ça m’a changé les idées. Je viens de le terminer, après 10 jours (dont 5 qui ne comptent pas, quand j’ai oublié le livre loin de mon lieu de vie du travail). J’ai savouré, et j’ai remarqué que je ne peux plus appeler ceci un « recueil » comme je le faisais au début. Ca l’apparente au recueil de nouvelles, et ça me pose problème quant à ma façon d’appréhender les recueils de nouvelles. Lorsque je lis ces derniers, instinctivement, mon cerveau classe les nouvelles aimées, et les moins aimées. Ici, ça ne fonctionne pas. C’est un collectif, je ne hiérarchise pas. Bien sûr, certains textes m’ont plus parlé que d’autres, mais tous ont leur importance, et c’est pour ça que je souhaite que chacun d’eux me reste. C’est un collectif, pas un recueil. Et la Sororité, n’est-ce pas justement, et notamment, mettre fin à cette compétition qu’on installe de manière ancestrale entre les femmes ?
Maintenant que j’ai dit ça, je peux vous avouer que, comme à mon habitude, j’ai été moins sensible aux passages de poésie. Mais ça, c’est moi, on me changera pas. En revanche, j’ai adoré l’analyse de texte qui portait sur la chanson A cause des garçons. Enfin, ce que j’ai préféré, c’est tout simplement découvrir. Découvrir tous ces noms de femmes qui m’étaient inconnues jusqu’alors. Certaines dont la parole m’a fait acquiescé, d’autres pour qui j’ai réfléchi et vu les choses sous un nouvel angle grâce à leurs mots, et enfin certaines que j’ai lues, comme écoutées, en acceptant leur vision sans me résoudre à l’adopter. C’est ça qui est chouette : la Sororité ne demande qu’à être remplie de nouveaux exemples pour la définir, il n’en existe pas une seule déclinaison, ça demeure quelque chose de très personnel en fait. De très personnel, mais qui ne peut être mis en œuvre que collectivement. C’est complexe, j’adore ça.
J’en profite pour exposer quelque chose qui m’est propre dans la vision que j’ai du féminisme. Pas de débat du tout, je ne suis pas du tout armée pour cela, je n’ai pas suffisamment lu sur le sujet, j’ai la chance de vivre dans un environnement sain sur beaucoup de plans, avec beaucoup moins de difficultés que certaines personnes que je ne pourrai, de ce fait, jamais comprendre totalement, à mon plus grand regret. Je ne connais que les craintes de rentrer seule le soir quand la rue est vide et mal éclairée, la méfiance immédiate quand une personne de sexe masculin a le malheur de prendre la même direction que moi trop longtemps, ou m’approche juste pour demander un renseignement. Bref, rien de nouveau sous le soleil. En plus, je m’égare totalement là, car je n’arrive plus à faire le lien avec ce que je souhaitais réellement dire…
Tant pis, j’enchaîne donc sans transition : ma vision du féminisme. Je suis tombée des nues quand j’ai appris dans la semaine qu’un compte qui s’étiquette féministe par sa lutte contre les féminicides, a été pointé du doigt en raison de ses orientations transphobes. Je suis pas là pour lancer le débat sur ce compte, dont je ne me souviens, soit dit en passant, même pas du nom. Je fais suffisamment de digressions seule, sur mon propre article, pour m’amuser à entre dans le détail de ce genre de groupe/compte. Ce dernier n’est pas le sujet, je m’en sers uniquement d’illustration pour mes propos. Lesquels sont : il existe à mes yeux une totale incompatibilité dans le fait de se représenter comme un défendeur d’égalité entre être humains, et en même temps nier l’existence d’une partie d’entre eux. C’est un dédoublement de personnalité là, je ne comprends pas autrement. C’est pourquoi, pour moi, pour la vision du féminisme à laquelle je crois, ce compte-là n’est pas féministe. C’est un compte qui fait la lumière sur la triste liste du nombre de femmes tuées par des hommes, mais ce n’est pas un compte qui oeuvre pour l’égalité. Dénoncer une forme d’inégalité, ce n’est pas vouloir l’égalité, encore moins la liberté de chacun. Et ça, ça me pose vraiment problème.
Sur ces bonnes paroles, je retourne à ma bibliothèque, choisir un roman cette fois. Parce que ce Collectif a fait son job, et que moi, j’ai quitté le mien. Et ça va vachement mieux depuis. De votre côté, si les mots féminisme et sororité vous effraient encore un peu, commencez avec respect et liberté déjà.
Ce que j’ai aimé relevé
J’ai appris tant de mots et de notions. Ma préférée : adelphité. Je vais vous faire gagner du temps : il n’est pas présent dans notre dictionnaire français (pas ou plus ? j’ai comme un doute là) « Le mot adelphité désigne la relation entre deux personnes qui ont les mêmes parents, indépendamment de leur sexe ou de leur genre. Ce mot recouvre à la fois les notions de fraternité et de sororité. » D’autres mots, qui sont en anglais, donc encore moins prêts d’intégrer notre Petit Robert, et un en particulier : le manspreading. C’est le mot valise entre « homme » et « s’étaler, écarter », pour cette position de jambes écartées dans les transports en commun. Ca m’a fait rire, voilà, c’est tout.
La sororité, je visualise l’idée. Enfin, les idées. Et bien qu’Alice Coffin, l’autrice qui expose en dernier sa vision de la sororité, peut sembler la plus incompatible avec le reste et avec moi-même, elle dit quelque chose qui m’est apparu cruellement vrai. Et qu’on oublie pas mal, quand on veut prôner la sororité en politique : « S’il y a un secteur où, je l’ai découvert récemment, le fait de s’exprimer, non pas selon ses idées, mais selon une discipline de groupe prévaut, c’est la politique. D’accord ou pas sur le contenu d’un vote ou d’un discours, on est loyal au chef ou aux membres du parti, on ne les attaque pas. » A cela près que, moi, j’aurais plutôt dit qu’on est loyal à son parti, plus qu’à son chef ou ses membres. M’enfin bon.
Quelques citations
◊ Le viol avait fait de nous des êtres illisibles, rayés, intraduisibles au reste du monde : des victimes persuadées d’être coupables.
◊ C’est en allant chercher la sororité que j’ai rencontré le féminisme.
◊ Mon féminisme est né au sein de cet amour filial, cette capacité à reconnaître l’humanité, voir la splendeur, la brillance, chez les femmes qui m’ont élevée et précédée. Ce féminisme est né parce que je ne comprenais pas comment on pouvait pousser dans le noir des femmes qui rayonnaient de mille feux.
◊ Cher Journal, (Merde ! mon journal est masculin) Chère écriture du jour,
◊ Je ne veux pas moins aimer les hommes, mais aimer davantage les femmes et les non-hommes.
• Plaisir de lecture : 8,5/10 •
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