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J’avais pour projet de lire ce roman depuis avril 2020. On était bon à deux années près. C’est le temps que j’ai mis pour enfin me réinscrire à la médiathèque de la métropole la plus proche, qui propose un réel catalogue digne de ce nom. C’était une durée trop longue pour lire la suite de Cassandra, sans ressentir une légère frustration.
La quatrième de couverture
Boo et Junior sont amis depuis l’orphelinat et videurs dans un club depuis que leurs muscles et tatouages en imposent assez. Ils cultivent depuis toujours leur talent pour se mettre dans les pires situations et s’en sortir avec des méthodes inédites. Quand une de leurs collègues leur demande d’avoir une conversation avec un petit-ami trop violent, nos deux compères sont trop heureux de jouer les chevaliers servants. Lorsque le type en question est retrouvé mort, Boo et Junior font des coupables parfaits.
« On s’emmerdait comme des rats morts. Je peux vous dire un truc au sujet de la monotonie et de l’été dans un foyer pour orphelins. C’est un cocktail dangereux. Surchauffez une bande d’ados dont les couilles sont prêtes à exploser et proposez-leur que dalle pour occuper leurs journées. Vous voyez où je veux en venir ? »
Mon avis
Quelle erreur. Je me connais pourtant, je sais à quel point j’ai une fâcheuse proportion à oublier tous les détails des romans que je lis. Ma vie de lectrice est compliquée, je ne me souviens que des sensations lors de mes lectures, et encore, même là, il m’arrive d’être défaillante car je pense que plus d’une fois, j’ai embelli le souvenir face à ce que j’ai réellement ressenti au moment de ma lecture. Bref. Toujours est-il que j’ai débuté ce roman avec uniquement ceci en mémoire : Boo et Junior forme un duo de bras cassés que j’ai adoré. Point final.
Ce genre d’info, c’est beaucoup trop léger quand on lit un second opus comme celui-ci, qui reprend une base d’enquête totalement indépendante, mais qui révèle petit à petit des choses personnelles et relatives à chacun des protagonistes. J’avais clairement perdu le fil, et ne plus arriver à remettre le contexte du passé récent de Boo et Junior m’a clairement gâché le plaisir de la découverte de leur passé plus lointain.
Ma lecture n’est pas un loupé, au contraire, on retrouve le joyeux cocktail qui avait fait son petit effet à l’époque : du langage grossier, une amitié drôle et émouvante, des situations rocambolesques, beaucoup de castagne et toujours un peu d’amour. A un énoooooorme détail près : le duo est pour les trois quarts du bouquin, un solo sans Junior. Et je vais pas vous mentir, il m’a gravement manqué. Il est toujours là, et on en apprend encore plus sur lui que dans le premier roman. Sauf que moi, ce que j’aime par dessus, ce n’est pas tant Junior, ni même Boo. Ce sont les deux ensemble, dans une même pièce, face à un même ennemi.
En toute honnêteté, si le temps ne m’était pas compté (comprenez : le temps d’emprunt en médiathèque confronté à ma lenteur légendaire de lecture), je me serai relu Cassandra avant de reprendre ma lecture de Une Affaire d’hommes. J’ai un peu gâché mon plaisir et je ne peux m’empêcher de m’en vouloir pour ça.
Cessons une minute de ressasser les fautes du passé et venons en cœur du sujet : le contenu du roman. Dans la même veine que le précédent, clairement, quoique l’enquête m’a semblée moins passer au second plan pour cette fois. Elle demeure un prétexte pour mettre en scène nos acolytes, bien sûr, mais elle m’a davantage marquée. Enfin, je dis ça à j+0 de la fin de ma lecture, attendons voir dans trois mois si je tiens encore le même discours.
Il me faut aussi reconnaître qu’on a un petit côté moral appréciable, notamment sur l’homophobie. Ca paraît un peu gros, ça manque de subtilité, mais ça m’a plu.. Et puis, c’est toujours bon à prendre, si vous voulez mon avis.
J’ai un petit pincement au coeur malgré tout, de devoir laisser derrière mois Junior et Boo. Et pas qu’eux, au final. Ollie et Twitch ont pris un plus grand espace, ils ne sont plus simplement la représentation secondaire du type hacker et de celui qui est suffisamment barré pour franchir les limites que Junior et Boo s’imposent. Ils vont nous permettre de comprendre qu’au delà du duo, il existe une famille de quatre orphelins, qui ont pris parti de se choisir eux, à défaut de se tourner vers les liens du sang.
Quelques citations
◊ La plupart des gens qu’on qualifie d’homophobes ne souffrent en fait d’aucune phobie. Ce sont juste des connards.
◊ – Les voisins ont signalé que aviez crié des insultes homophobes pendant que vous… que vous faisiez ce que vous aviez décidé de faire là-bas .
– Ouais, acquiesça Junior, mais je savais pas que c’était un pédé quand je l’ai traité de pédé.
◊ Ma bande avait toujours été un assemblage de tordus, chacun enrichissant le groupe par ses qualités individuelles, ces qualités mêmes qui faisaient parfois d’eux des marginaux. Une fois réunis, nous étions redoutables. Isolés, nous n’étions qu’une lamentable collection de dysfonctionnements.
•Plaisir de lecture : 7/10•