Ken Kesey – Vol au-dessus d’un nid de coucou

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Un titre pareil, ça parle forcément à tout le monde. Ma culture cinématographique étant ce qu’elle est, quand j’ai vu UNE personne un jour parler du roman sur Instagram, j’ai enregistré la publication, comme j’ai pu le faire pour une centaine d’autres bouquins. Un avis, c’est pas beaucoup, je ne me souviens même plus s’il était si enthousiaste que ça, n’empêche qu’il a suffit à me mettre en tête qu’il me fallait le lire, une bonne fois pour toutes.

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La quatrième de couverture

Dans une maison de santé, une redoutable infirmière, « La Chef », terrorise ses pensionnaires et fait régner, grâce à un arsenal de « traitements de choc », un ordre de fer, réduisant ses pensionnaires à une existence quasi-végétative.
Surgit alors McMurphy, un colosse irlandais, braillard et remuant, qui a choisi l’asile pour échapper à la prison. Révolté par la docilité de ses compagnons à l’égard de « La Chef », il décide d’engager une lutte qui, commencée à la façon d’un jeu, devient peu à peu implacable et tragique.

 

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« Ils sont dehors, les moricauds en blanc. A mon nez et à ma barbe, dans le hall, à faire des cochonneries qu’ils essuieront avant que je ne puisse les pincer. »

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Mon avis

Ben dis donc. Je ne misais vraiment rien sur cette lecture, et je ne me remercierai jamais assez de na pas avoir visionné le film auparavant. D’ailleurs, c’est avec Vol au-dessus d’un nid de coucou que je me suis rendue compte d’une chose : il n’y a rien d’étonnant au fait que je préfère 112 000 fois le format livre au format TV. Sans parler forcément d’adaptation. De base, le livre est un support qui me correspond beaucoup plus, car j’ai une fâcheuse tendance à aborder ce que je lis, d’une façon différente de ce qui est certainement attendu. J’ai l’impression de déceler des sentiments que l’auteur n’avait peut-être pas imaginé une seconde. Par la lecture, je me sens libre de vivre les sensations comme MOI je les ressens. Un auteur veut généralement guider son lecteur, sauf que moi je suis une brebis qui s’égare tout le temps. A croire que parfois je vis sur une autre planète. Mais en fait, j’adore ça. Car ainsi, je ne me doute jamais de ce qui m’attend par la suite dans le roman, je ne devine jamais les fins. Et ça, cette liberté de faire comme je veux, dans un film, je ne la retrouve pas. Un metteur en scène est obligé de choisir une ambiance et de la reproduire, et moi, j’ai pas envie qu’on m’impose une ambiance, je veux pouvoir la choisir, même si je me trompe, tant pis, laissez moi la bonne ou mauvaise surprise de le découvrir moi-même. 

Sacré pavé, et je nous vais pas encore parlé du roman en question ça promet. Tout mon raisonnement précédent découle de l’affirmation suivante : quel roman lumineux. Un roman lumineux pour un environnement qui a plutôt vocation à être un crève-coeur. Un hôpital psychiatrique qui s’apparente à du gardiennage de Légumes et Légumes en devenir à force de cachets assommant, d’électrochocs et de lobotomisations. Lumineux, vous en conviendrez ? 

Eh bien oui, je maintiens mon avis. A mes yeux, le fil rouge de ce roman, c’est le rire. Ce rire qu’aucun des résidents ne connaît plus, et que McMurphy va réussir, après un travail de longue haleine, à réintroduire. Par son rire forcé, il finira par permettre à tous de rire d’un rire franc. Ca demandera des sacrifices, certains terribles, mais ça n’en donne que plus de valeur. Alors préparez-vous à vous attacher à cette bande de déglingués, chacun réussira à vous attendrir à un moment ou un autre, j’en suis persuadée.

Il y a peut-être une chose à côté de laquelle je suis passée par manque de connaissance à ce sujet : Bromden, ou plutôt comme tous le nomment, le Grand Chef. Ce narrateur métisse Indien, qui se fait passer pour sourd-muet (du génie soit dit en passant) m’a fascinée mais m’a un peu frustrée car je sais qu’un tel choix de personnage, dans un roman américain, ce n’est pas anodin. Je suis sûre que des symboles m’ont échappés, et la lecture de la Préface de André Bay me l’a confirmé. Ca n’ampute en rien ma lecture, mais ça me rappelle qu’on a toujours beaucoup à apprendre avec la littérature, et que c’est en soi une chose assez merveilleuse que de ce dire qu’un roman lu par mille personnes bénéficiera d’une appréhension en mille versions, en fonction du bagage culturel de départ. Fascinant non ?

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Quelques citations

Comment quelqu’un peut-il arriver à cette chose inouïe : être ce qu’il est ?

◊ Je crois que McMurphy se rendait compte mieux que nous que nos airs bravaches étaient de la frime : en effet, il n’arrivait pas à arracher un vrai rire à aucun d’entre nous. Peut-être ne comprenait-il pas pourquoi nous étions encore incapable de rire, mais il savait une chose : on n’est réellement fort que lorsqu’on trouve un côté amusant à tout. En fait, il mettait tant d’acharnement à souligner l’aspect humoristique des choses que j’en arrivais à me demander peu ou prou s’il n’était pas aveugle à leur autre aspect, s’il ne parvenait pas à voir ce qui nous séchait le rire dans la gorge.

Parce qu’il sait qu’il faut rire de ce qui fait mal pour garder son équilibre, pour empêcher le monde de vous rendre complètement fou. Mac sait que rien ne va sans douleur. Il sait que mon pouce me brûle, que Candy a le sein meurtri, que le docteur a perdu ses lorgnons. Mais il se refuse à laisser la douleur éclipser le côté humoristique de choses de même qu’il se refuse à laisser l’humour prendre le pas sur le mal.

 

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•Plaisir de lecture : 9/10•

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