Steve Tesich – Karoo

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Je suis tombée sur ce roman en occasion, sur les présentoirs extérieurs de GibertJoseph alors que j’attendais une amie qui retirait au distributeur d’à côté. Mes yeux n’ont pas eu d’autre choix que de se poser sur la couverture dorée blingbling au possible. Et devinez quoi ? C’est le roman du #TarteTatinBookClub qui allait démarrer la semaine suivante. Si ça c’est pas un signe..

 

« Être heureux, décider d’être heureux est une chose. Mais persévérer dans ce bonheur en est une autre »

 

La quatrième de couvertureÉgoïste et cynique, Saul Karoo ment comme il respire et noie ses névroses familiales dans la vodka. Son métier, script doctor, consiste à dénaturer des chefs-d’œuvre pour les aligner sur les canons hollywoodiens. Quand sa carrière croise celle de Leila Millar, une jeune actrice médiocre, il décide contre toute attente de la prendre sous son aile. Car ils sont liés par un secret inavouable…

 

« Dans le mensonge, au moins, les hommes étaient tous frères »

 

Mon avis : A chaud là, je saurai pas trop vous dire si j’ai aimé ou non ma lecture. En fait, j’ai trouvé la fin longue, j’ai mis plus de temps à lire les 200 dernières pages que les 400 premières ! Et c’est pas forcément que ces pages-là étaient moins intéressantes, je pense seulement que ça m’a un peu lassée à force. Et le chapitre final était juste chiant, là faut bien l’avouer (POUR MOI). Mais le début, j’ai bien accroché, le personnage de Saul Karoo, c’était quelque chose. Mais quelque chose qui s’est un peu trop effilé au fil de la lecture.

Avant toute chose, sachez que Karoo, comme son titre l’indique si bien, ce n’est pas une histoire à raconter, mais un homme à appréhender. Comment, je l’ignore. Je crois que j’ai eu de la pitié pour lui. A force de voir toujours les mêmes schémas se répéter : voir des nouveaux départs partout, juste après avoir admis qu’il était en échec. Des nouveaux départs dont il n’en est jamais rien au final. C’est un homme sans personnalité, qui se repose sur le fait que chacune des personnes qu’il croise saurait voir qui est le vrai Saul Karoo. Il se rattache à cette idée, pour se convaincre qu’il existe bien un Karoo, à part entière. Qu’il existe. A travers les yeux des autres. Oui, j’ai trouvé ça pathétique, mais pas dans un sens péjoratif. Plutôt un simple constat.

Pour l’intrigue, parce qu’il y en a bien une malgré tout, je n’ai pas compris si elle sous-entendait un message particulier. Elle amène un léger (très LEGER) suspense, et elle vient étoffer la petite morale de fin, mais elle ne m’a pas plus secouée que ça quoi.

Petite question à ceux l’ayant lu, si vous passez par là : (mini spoil, faut surligner) Tout ce bazar à la fin, sur Ulysse qui représente j’imagine Karoo… faut-il le voir comme le fait que malgré ses convictions (qui tiennent jamais bien longtemps comme d’hab), le scénario d’Ulysse pourra tout à fait être exploité quelque part par Cromwell comme étant basé sur la tragédie du trio dont il a été tiré un livre ?

 

« Les choses commencent vraiment à mal tourner quand vous n’avez plus que vous-même à renverser pour que votre vie s’améliore »

 

Ce que j’ai aimé relever : Son affaire de maladies toutes plus improbables les unes que les autres, ça m’a fait marrer jusqu’à ce que je percute qu’il y en avait une qui me menaçait gravement : la maladie du tout objectif. Imaginer tous les points de vue pour une situation, et finir par ne plus savoir lequel nous correspond le plus. Celle-ci m’a contaminée depuis que j’ai commencé sérieusement le Droit je pense.

Billy, le fils de Karoo, m’a fait pensé aux enfants de ces nombreux parents qui viennent en audience devant le Juge aux Affaires Familiales. Ces enfant dont on parle énormément, ils sont importants, mais on est incapable de les visualiser, on ne les connaît pas. Bah Billy c’est pareil, j’ai jamais réussi à me l’imaginer concrètement.

Quant à Leila, en revanche, pas de soucis pour me la représenter : c’est moi. Haha, trève d’égocentrisme : pour de vrai, plein de détails m’ont fait penser à ce qu’il en est pour moi. Comme avoir un corps qui, malgré tous les efforts du monde, refuse de transpirer donc rend la peau rouge comme pas permis. Ou encore, être agacée sans raison, juste parce qu’une personne est trop gentille avec vous, et que vous êtes conscient en votre for intérieur que cette personne ne devrait pas être si gentille, et du coup vous vous énervez sur cette pauvre gentille personne. Ce qui vous agace d’autant plus contre vous-même.. bref ça n’en finit jamais. Et pour finir, être parfois de nature bien trop chatouilleuse, si bien que le moindre contact avec votre chéri n’a plus rien de sensuel, et que vous ne pouvez pas vous arrêter de rire.

 

Quelques citations :

◊ Mentir n’avait rien de nouveau pour moi. Ce qui était nouveau, c’était l’aisance avec laquelle je mentais désormais.
◊ Je considère la perte de cette impression d’éloignement dans les appels longue distance comme une tragédie.
◊ Je détestais me peser moi-même, mais je détestais plus encore que quelqu’un me pèse. J’avais chaque fois l’impression de passer d’un payé doté d’une démocratie constitutionnelle à un état totalitaire.
◊ Manquant de détails, ou plutôt libéré du fardeau des détails, je m’autorisai à penser d’elle ce qui me passait par la tête, ce qui veut dire, je suppose, qu’en fait je pensais plutôt à moi.

 

 

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