Lucile Caron-Boyer – Mon Petit coeur de pierre

♦♦

Pour info, cet article n’est pas supposé être publié maintenant, j’ai une lecture finie dont la chronique est toujours en brouillon. Ca ne me ressemble pas, mais l’envie de vous parler de ce roman jeunesse est beaucoup trop grande.

La quatrième de couverture

D’après Tom, mon meilleur ami, j’ai un petit coeur de pierre. Autrement dit, je ne suis pas douée pour les émotions ni les sentiments.

Il y a pourtant plein de choses qui me touchent, comme les hérissons tout mignons.
Des choses qui comptent, comme le duo de choc qu’on forme avec Tom.
Des choses qui me manquent, comme mon père, que je n’ai connu qu’en photo, mais que je retrouve dans les traits de mon nouveau prof.. Et puis il y a le nouveau de la classe, Alex. Son sourire, son accent, son petit je-ne-sais-quoi.

Tom dit que mon petit coeur de pierre se craquelle. Moi, je crois que c’est mon petit monde tout entier et mes certitudes qui risquent d’exploser…

:

:

« Le jour de la rentrée, j’ai eu la plus grosse surprise de ma vie. Et quand je dis grosse surprise, attention, c’est loin d’être à la hauteur de ce que j’ai ressenti. »

:

:

Mon avis

Peut-on faire plus mignon que ce bouquin, je vous le demande ? Et c’est pas juste mignon en fait, on est pas sur du chamallow comme le laissent penser à tort les couleurs de la couverture. Le titre m’a accroché à la médiathèque, la 4e de couv me paraissait fort enfantine, mais je voulais lire du jeunesse et l’établissement était sur le point de fermer ses portes. Vous savez quoi ? Mon super flair du roman pris au pif est de retour les gars, et pour mon plus grand bonheur en cette période où j’ai perdu un peu le goût de lire.

Revenons-en à notre bouquin donc. C’est mignon, mais c’est surtout très très beau. Une amitié comme celle de Marion et Tom, je vous assure, ça vous fait pousser des « awww » à tout bout de champ. Chaque moment si doux me réchauffait le cœur, j’avais envie de trouver les personnages et leur faire des câlins, en leur disant que la vie, c’est peut-être nul des fois, mais vous incarnez la bienveillance dont le monde manque cruellement. Ne changez jamais. Cette envie de câlin fictif, ça m’a déjà pris avec la série Heartstopper, que mon Dieu, c’était si mignon, ohlàlà. Bref, j’espère que vous avez compris l’idée.

Pour la petite histoire, Marion dont il est question, est en 3ème, elle se tamponne pas mal de ce que les gens pensent d’elle, du moment que sa mère et son meilleur ami Tom sont heureux. Elle protège ce dernier bec et ongles, alors qu’il approche les 1,90 mètres et qu’on s’attendrait plutôt à une inversion des rôles (les clichés ont la peau dure). Et pourtant pas, Marion et son coeur de pierre vont vous surprendre. Déjà par son humour bien pensé. Mais encore par sa franchise. Elle ne mâche pas ses mots, c’est le moins qu’on puisse dire : si Marjorie, la reine des Sardines (je vous expliquerai plus bas cette histoire de sardines, mais rien que ça, c’est du géni) est aussi odieuse en jugeant le physique d’autrui, et à commencer par les cheveux roux de Tom, on est pas là pour chercher à comprendre le pourquoi du comment elle est comme ça, on est là pour qualifier son comportement : une salope. Et après tout, ça fait du bien, de stopper un peu cette bien-pensance, et d’appeler un chat, un chat. Merci Marion.

L’histoire ne vire jamais au pathos, qu’il s’agisse de la partie sur le harcèlement à l’école, comme celle sur le père absent de Marion. C’est juste réaliste, dur à des moments, bien sûr, surtout quand la vie se rappelle à elle, et qu’elle comprend que du haut de ses 14 ans elle ne peut pas tout gérer : ses émotions, et celles de ceux qu’elle aime. Accepter d’être triste ne fait pas partie du vocabulaire de cette fille qui pourtant collectionne les mots (il n’y a pas de terme pour ce genre de collectionneuse, je suis allée vérifier. Alors qu’il existe les schoïnopentaxophile, que je viens de découvrir. Et que j’espère ne jamais croiser de ma vie. Stop digression).

Cette année charnière* va la faire grandir sur certains points, alors qu’elle était déjà d’une extrême maturité sur bien des sujets, à commencer le harcèlement. Pour moi, cette fille est une héroïne, il en faudrait une comme ça dans chaque classe a minima.

*on est sur du trois semaines à tout casser à vrai dire, c’est court mais amplement suffisant pour s’attacher à Marion et Tom, mon Dieu ils sont tellement mignons, ohlàlà, je suis en boucle, je m’arrête là.

Bon, si des fois vous aviez encore un doute, j’ai adoré.

:

:

Ce que j’ai aimé relever

Faut bien que je revienne sur cette histoire de Sardines ! C’est très simple, néanmoins fort sensé, une citation valant mille explications : « Le banc de Sardines, cinq filles tout à fait interchangeables qui ne réagissaient qu’à des stimuli comme un nouveau rouge à lèvres ou un changement de coiffure. On les avait surnommées ainsi parce qu’elles brillaient au soleil avec leurs maquillages irisés, leurs bijoux et leurs tee-shirts à paillettes et parce qu’elles se déplaçaient exclusivement en groupe.« 

Marion voulait repeindre sa chambre en rouge pétard. Et pour pas que ça soit trop violent pour la rétine, un pan du mur a été séparé en deux à l’horizontal, le bas en rouge, le reste en blanc. J’ai fait la même chose, presqu’au même âge. Ce point commun avec cette fille si badasse me plaît fortement, même si j’ai déjà 26 balais bien tassés. J’ai envie d’être Marion, vraiment. (Et la chambre chez mes parents est toujours rouge).

:

:

Quelques citations

◊ Au début, lorsque j’étais toute petite, son absence n’était pas un problème. J’avais une maman qui comblait tous les manques. Mais les choses ont commencé à changer lorsque je suis entrée à l’école. […] C’est dans le regard des autres que mon père a commencé à me manquer.

◊ Pendant ces deux mois d’été, Tom avait encore grandi, mais pas comme d’habitude, à la manière d’une asperge anémique. Cette fois, il avait aussi pris de l’épaisseur.

◊ J’en voulais à Tom d’être à ce point aveugle, j’en voulais surtout à tous ceux que nous avions croisés et qui lui avaient brandi méthodiquement un miroir déformant, jusqu’à ce qu’il devienne incapable de démêler le vrai du faux.

◊ Elle m’avait appris à reconnaître le mouron, petite liane discrète et fragile qui vient en nombre mais se laisse arracher sans opposer trop de résistance, alors que le pissenlit est une espèce coriace, qui ne se rend pas sans se battre.  _ Tu comprends, me disait-elle, au printemps, tous les enfants du monde répandent leurs graines légères en soufflant pour faire des voeux. Comment veux-tu te battre contre les vœux des enfants ? C’est une guerre que nous ne gagnerons jamais, et je m’en réjouis !

◊ J’ai un rapport assez distant avec le maquillage. Mis à part le fait que je vois ça comme une perte de temps, je n’en comprends pas bien l’intérêt. Soit il ne change rien et dans ce cas il est inutile de se tartiner le visage, soit il change tout et dans ce cas on se rapproche dangereusement de l’escroquerie.

◊ Et plus encore j’adorais la tarte au citron meringuée de Mme Petipain. Un délice absolu, à chaque bouchée je croyais en Dieu. 

◊ En nous apercevant, elle a eu un sourire d’une douceur qui ne trichait pas. Pas un truc mièvre ou fleur bleue, non, juste un aveu de bonheur.

◊ _ Tu n’as jamais cherché à le recontacter ? Elle a secoué violemment la tête.  _ Je lui ai donné sa chance. Il ne l’a pas saisie. J’ai bien aimé sa réponse. C’était celle d’une guerrière. 

◊ – T’arrives quand ?  _ En même temps que les autres invités. Sauf si tu as besoin de moi avant.  _ J’ai besoin de toi avant.  _ OK. Tu veux que je vienne à quelle heure ?  _ Tout de suite.  _ Marion, faudrait que tu apprennes à être un peu moins autoritaire…  _ J’essaierai. Alors ? Tu viens ?

◊ Sacré Bidule, preuve vivante qu’avec un caractère de merde et une tronche de perdant on pouvait quand même tirer son épingle du jeu. Comme quoi, il y avait de l’espoir pour tout le monde.


•Plaisir de lecture : 10/10•

Publicité

Un commentaire Ajouter un commentaire

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s